Tribune d’expression libre pour Rambouillet Écologique et Citoyenne

Marie Anne Polo de Beaulieu - David Jutier

 

Tribune de décembre 2018 – Parution dans le Rambouillet Infos n°310 –

Contre le dérèglement global, une politique locale des biens communs

 

Le dernier rapport du GIEC, les tribunes scientifiques et les mobilisations citoyennes nous alertent sur l’ur­gence d’agir face au défi majeur de notre temps : le dérèglement climatique. Il augmente l’intensité des événements exceptionnels, provoque des catastrophes (canicules et sécheresses, inondations, incendies…) et accroît les inégalités. Les pertes humaines, matérielles, naturelles et financières sont déjà inacceptables.

En complet décalage avec ces enjeux, le gouvernement taxe le plus grand nombre sans même utiliser les re­cettes pour la transition énergétique. Il force les per­sonnes à utiliser leur voiture en détruisant les services de proximité, en éloignant toujours les lieux de vie des emplois et en réduisant les transports en commun. Il crée des angoisses de fin de mois dans les foyers mais tranquillise les plus gros pollueurs, les multinationales pétrolières et de l’agrochimie, qui accumulent des bé­néfices indécents et défiscalisés.

Face au gouvernement, le bon sens des communes devrait être un garde-fou : à Rambouillet il n’en est rien ! Le plan climat est au point mort. L’agglomération monte une piscine olympique à 20 millions d’euros plutôt que d’investir dans les transports, les services et la santé. La mairie laisse construire des logements aux normes énergétiques minimales plutôt que des bâtiments pas­sifs ou à énergie positive, et ne se soucie ni de produc­tion locale d’énergie renouvelable ni de réduction à la source des déchets ou de recyclage, et encore moins d’économie locale ou circulaire.

Ces constats sont alarmants et révoltants ? Oui. De­vons-nous baisser les bras, nous laisser aller au ca­tastrophisme ? Certainement pas. Si une ville populaire du nord comme Grande-Synthe peut servir 100 % de repas bio dans ses cantines et utiliser 100 % d’énergie renouvelable pour ses services, nous pouvons le faire. Si Les Lilas ou Plaine Communes en Seine-Saint-De­nis peuvent lancer des coopératives locales d’énergies renouvelables, nous pouvons le faire. Si le syndicat des déchets de Saumur s’est engagé dans un plan « zéro déchet », nous pouvons le faire. Si nombre de communes ont pu reprendre le contrôle de l’eau et de l’assainissement en régie, nous pouvons le faire. Si la proposition « zéro bétonisation des terres agricoles » de Nicolas Hulot a été enterrée au niveau national, nous pouvons ici la mettre en oeuvre. C’est une politique lo­cale moderne et qui profite à toutes et tous que nous voulons. Telles sont nos résolutions pour les années qui viennent.

Bonnes fêtes de fin d’année à toutes et à tous.

 

Tribune de septembre 2018 – Parution dans le Rambouillet Infos n°307 –

24 millions d’euros jetés à l’eau ?

24 millions d’euros vont être dépensés pour construire la nouvelle station d’épuration de la Guéville, pour tenter de se mettre en conformité avec la loi sur l’eau, et répondre enfin aux mises en demeure de la préfecture. Malgré l’importance de cette somme et de l’aveu même de M. Lhémery, délégué municipal au développement durable et président du syndicat en charge de l’assainissement de l’eau, ce sont des critères financiers qui ont guidé les choix technologiques et non la recherche de la meilleure efficacité de la station. Les techniques récentes les plus performantes de filtration par lamelles ont été écartées.
Nous sommes dépités d’entendre de la bouche des responsables du projet, avant même la mise en service de l’équipement, que cette station ne nous garantira pas de respecter en permanence les normes anti-pollution. Le surcoût des techniques les plus récentes de filtration, qui n’a d’ailleurs pas été précisé par la municipalité, aurait sans doute été compensé en nous évitant des sanctions pour non respect des normes.

Malgré ce choix technologique a minima, le prix de notre eau, déjà le plus élevé de la région, augmentera encore de 5 %. Cette surtaxe aurait été plus importante si la mairie n’avait pas baissé son propre prélèvement sur le prix de l’eau payé par les usagers. La collectivité publique, à cause de ses propres choix incohérents, se voit obligée de se serrer la ceinture pour permettre à l’exploitant Véolia de préserver ses bénéfices.

La mairie de Rambouillet a beaucoup insisté sur certains aspects secondaires du projet, qui ne sont que du Greenwashing : toit végétalisé, bardages bois, et même abris à lézards ! Une station d’épuration doit avant tout produire une eau propre toute l’année qui permette de retrouver une rivière et un environnement de qualité ; le reste est accessoire.

Le principal problème de l’eau à Rambouillet reste la mise en séparatif des eaux pluviales et des eaux usées dans toute la ville : il ne sera pas résolu par cette dépense importante.

À plus long terme, le passage en régie communautaire (au niveau de l’agglomération Rambouillet Territoire) de la gestion de l’eau est pour notre groupe une nécessité. Elle permettra de véritablement associer la population à des choix technologiques et financiers et à la gouvernance d’un service public majeurs, et évitera d’enrichir une société privée en augmentant la taxe sur l’eau payée par les usagers.

 

Tribune de mai 2018 – Parution dans le Rambouillet Infos n°305 –

 

Budget 2018  : 50 % des réserves de la ville consommées et hausse record de la fiscalité

Pour cette tribune 2018, nous aurions pu faire un copier/coller de ce que nous disions en 2017 tant la majorité persiste dans ses erreurs. Malheureusement, la situation est encore plus préoccupante : sans modification en profondeur du fonctionnement de notre ville, les finances ne pouvaient pas s’améliorer. Pour tenter de donner le change en cette période pré-électorale, la majorité consommera en 2018 la moitié de nos réserves financières. Sur ce mandat les réserves seront donc passées de 11 millions d’euros en 2014 à 1,7 million en 2020, pour maintenir artificiellement les investissements.

Paradoxalement, l’utilisation des réserves ne profite pas aux contribuables de Rambouillet : 2018 y est une année record pour les rentrées issues des impôts locaux, en hausse de 5,36 % au total. Les bases, qui dépendent du nombre de logements dans la Commune, augmentent de 3,15 %. Les taux des impôts locaux augmentent eux de 2,2 %. En clair : piocher dans les réserves, augmenter la population et faire payer plus d’impôts à chaque foyer, voilà les choix budgétaires de l’équipe actuelle.

Ce parti pris est insoutenable : les impôts sont déjà trop élevés pour nombre de ménages, les services de la ville sont sous-dimensionnés par rapport au nombre actuel d’habitant·e·s, et après la consommation des réserves c’est le recours aux emprunts qui est de nouveau prévu pour 2019. Et ensuite ?

Ensuite, il sera temps de réfléchir aux solutions que la municipalité refuse : engager des mutualisations intercommunales ambitieuses (à commencer par le pôle culturel), revendre le Relay du Château qui abrite l’hôtel Mercure, et examiner le coût de la délégation à des entreprises de nombre de services : le stationnement par Urbis, la restauration collective par Sodexo, l’eau potable par la Lyonnaise, l’assainissement par Véolia.

Ces questions budgétaires ne sont pas que des histoires abstraites de chiffres. Les finances de la ville déterminent directement les services que la Commune peut rendre, et les équipements qu’elle peut réaliser. Une meilleure gestion, ce sont des voiries en état, plus de places de crèches, une vie associative soutenue, un développement économique mieux accompagné, des transports plus adaptés… Être en meilleure santé financière est la condition première pour construire la ville de demain.

Tribune de mars 2018 – Parution dans le Rambouillet Infos n°302 –

 

Une démocratie locale à réinventer à Rambouillet

Notre démocratie représentative, dont le sens disparaît sans une participation massive aux élections, ne fonctionne plus. Les scrutins nationaux récents et leurs taux d’abstention l’ont montré. Au niveau local aussi, le constat est cruel : l’équipe actuellement au pouvoir à la mairie, qui occupe 75 % des sièges du conseil et toutes les fonctions exécutives, n’a été élue que par 4 994 voix, soit un quart seulement des personnes en capacité de voter dans notre ville. Pour nous aussi le calcul est sans appel : nous siégions grâce à 1 175 voix, soit 6,5 % des inscrit.e.s.
Lorsque les électeur.trice.s se détournent des urnes en de telles proportions, et que la légitimité des élu.e.s désigné.e.s par ces scrutins est donc si faible, l’humilité et la réinvention démocratique doivent être des priorités.
La démocratie à Rambouillet ne peut se limiter à quelques réunions de quartier, aux conseiller·e·s désigné·e·s directement par le maire, et aux consultations légales minimales et obligatoires pour les projets d’urbanisme. Sans doute que si une vraie implication de la population avait ainsi été organisée, le chantier Beau-Soleil n’aurait pas viré au fiasco, qu’une assistance à maîtrise d’ouvrage aurait été demandée et que les voiries refaites à neuf seraient paysagées et aménagées pour les cyclistes et les personnes à mobilité réduites : les habitant·e·s disposent d’une véritable expertise d’usage et sont les mieux placé·e·s pour évaluer les problèmes et les besoins de leur quartier. Inspirons-nous d’urgence des modèles d’urbanisme participatif qui, de Laval à Strasbourg, animent de plus en plus de villes de France, pour le plus grand bonheur des habitant·e·s.
Les outils qui permettent cette démocratie directe (budgets citoyens, mobilisation des quartiers, sites interactifs…) sont en effet nombreux mais tous absents de Rambouillet : dans notre ville, tout est à construire.
Une fabrication collective et ouverte des décisions présente, en plus de l’expertise citoyenne qu’elle apporte, de nombreux avantages : elle consolide par la démocratie les liens entre habitant·e·s, elle intéresse aux décisions locales de nouveaux groupes sociaux, elle assure une vraie transparence des projets. Elle est, à long terme, la plus efficace.

marieanne.polodebeaulieu@rambouillet.fr
david.jutier@rambouillet.fr