De nombreux propriétaires et hôtes du château de Rambouillet, grands seigneurs, souverains ou chefs d’État, ont tenu une place éminente dans l’histoire nationale depuis le 16ème siècle. Grâce à eux, quelques beaux esprits, des architectes, des sculpteurs, sont également liés à l’histoire de Rambouillet.
Jacques d’Angennes († 1562), capitaine des gardes du corps du roi, conseiller de François Ier, voit mourir le Roi en son château de Rambouillet.
Nicolas d’Angennes (≈ 1530-1611), ambassadeur des rois Charles IX, Henri III et Henri IV, accompagne en 1573 le duc d’Anjou, futur Henri III, pour son couronnement comme roi de Pologne à Cracovie. Il devient alors vice-roi de Pologne. Catholique, il reste fidèle à Henri IV qui, pour le remercier, octroie au bourg de Rambouillet la création d’un marché aux bestiaux et de foires.
Charles d’Angennes (1577-1652) hérite des talents d’ambassadeurs de son père et négocie notamment deux traités de paix entre la France et la Savoie. En 1612, sa terre de Rambouillet est érigée en marquisat par Louis XIII, sur le conseil de sa mère Marie de Médicis, alors régente, pour remercier la famille d’Angennes de sa fidélité.
L’épouse de Charles d’Angennes, Catherine de Vivonne (1588-1665), est restée célèbre sous le nom de marquise de Rambouillet.
Son salon parisien, mais aussi parfois le vieux château familial, reçoivent les principales personnalités littéraires du temps : Malherbe, madame de Sévigné, Corneille, Voiture …
Leur fille aînée, Julie d’Angennes (1607-1671), inspire la fameuse Guirlande de Julie, un recueil de poèmes offert par Charles de Saint-Maure (1610-1690), baron puis duc de Montausier, son futur époux. Elle est choisie par Louis XIV pour devenir gouvernante des Enfants de France, avant que le duc de Montausier ne soit lui même nommé gouverneur du Grand Dauphin.
A partir de 1706, Rambouillet devient la propriété de la famille de Bourbon-Penthièvre.
Louis-Alexandre de Bourbon (1678-1737), comte de Toulouse, dernier des enfants légitimés de Louis XIV et de madame de Montespan, fait de Rambouillet une véritable résidence familiale. Grand veneur et amiral de France, mais aussi grand lecteur et amateur de musique, le comte aime séjourner à Rambouillet.
Il y reçoit son père à deux reprises, accompagné de madame de Maintenon, son demi-frère le Grand Dauphin et l’ensemble la famille royale. Pour lui, le Roi fait ériger le marquisat de Rambouillet en duché-pairie en 1711.
En 1723, le comte de Toulouse fait un mariage d’amour en épousant Marie-Victoire Sophie de Noailles (1688-1766), veuve du marquis de Gondrin. Le comte fait aménager en son honneur l’appartement d’assemblée du château. Les boiseries, commandées à l’ébéniste Jacques Verbeckt, y sont ornées du chiffre de la jeune femme. Le jeune Louis XV, très attaché à son oncle et à sa tante, qui avait été dame d’honneur de sa mère, les visite régulièrement.
En 1731, la comtesse fonde l’hôpital de Rambouillet.
Fils unique du comte et de la comtesse de Toulouse, Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), duc de Penthièvre, hérite de l’ensemble des charges de son père. Doux, pieux et charitable, il agrandit l’hôpital fondé par sa mère.
En 1744, le duc épouse Marie-Thérèse-Félicité d’Este-Modène (1726-1754).
En dix ans d’un mariage harmonieux, la duchesse de Penthièvre met au monde sept enfants dont deux seulement atteindront l’âge adulte : Louis-Alexandre de Bourbon (1747-1768), prince de Lamballe, marié à Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan (1749-1792), et Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon (1753-1821), épouse de Louis-Philippe d’Orléans dit Philippe-Egalité et mère du roi Louis-Philippe.
Veuve, la princesse de Lamballe reste vivre près de beau-père qui lui offre, dit-on, la chaumière aux coquillages. Devenue l’amie de Marie-Antoinette, elle finira massacrée en septembre 1792.
Le duc quand à lui, protégé par sa réputation de vertu, sera le seul des Bourbon à être épargné de son vivant par la Révolution.
Louis XVI (1754-1793) achète Rambouillet pour en faire une résidence de chasse privée. Mais le vieux château s’avère peu commode pour loger le Roi et sa famille. Le souverain fait donc le plus souvent l’aller-retour de Versailles en carrosse, dans la journée.
Il vient régulièrement chasser à Rambouillet, aussi bien au tir qu’à courre. A diverses reprises le château reçoit également la plupart des membres de la famille royale. Le comte de Provence et le comte d’Artois, frères du Roi et futurs Louis XVIII et Charles X, disposent d’ailleurs en ville d’écuries pour leurs propres équipages de chasse.
En 1818, les derniers Bourbon reprennent le chemin de Rambouillet.
Si Louis XVIII (1755-1824) suit la chasse en voiture, son frère et ses neveux, le duc d’Angoulême et le duc de Berry, restent des veneurs aguerris.
Durant la Révolution parisienne de juillet 1830, la famille royale se réfugie à Rambouillet. Charles X (1757-1836) et son fils aîné y abdiquent en faveur de leur petit fils et neveu, le duc de Bordeaux.
Napoléon Ier (1769-1821) fait restaurer le château et le parc de Rambouillet. Il y réside, y chasse, y tient le conseil des ministres et s’y promène en gondole vénitienne !
En 1814, au moment de la chute de l’Empire, l’impératrice Marie-Louise séjourne avec son fils, le roi de Rome, au château. Enfin, en juin 1815, à l’issue des Cent-jours, Napoléon, en route vers l’exil, y passe une dernière nuit.
Napoléon III (1808-1873) reprend possession du Domaine, loué à des particuliers de 1832 à 1852. A partir de 1854, il vient régulièrement y chasser en compagnie de la famille impériale et de nombreux invités.
Dès 1873, le président Mac-Mahon (1808-1893) et ses successeurs viennent chasser à Rambouillet. Ils y sont reçus par le duc de la Trémoille (1838-1911), gendre du comte Duchâtel, lui-même ami d’Adolphe Thiers. Ces parties de chasse ont à la fois un caractère mondain et politique qui sera conservé.
En 1880, Jules Grévy (1807-1891) est le premier président de la République à pouvoir recevoir lui-même à Rambouillet.
Mais il faut attendre 1896 pour que Félix Faure (1841-1899) décide de transformer le château en résidence présidentielle. Rambouillet devient alors un lieu de villégiature annuel pour les présidents français. Le conseil des ministres s’y réunit et de très nombreux chefs d’Etat étrangers y sont reçus. Ces réceptions permettent à la jeune République française de normaliser ses relations avec l’ensemble des monarchies européennes.
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, Vincent Auriol (1884-1966), soutenu par son épouse, fera refaire la décoration de l’appartement du chef d’Etat invité.
Le château retrouve parfois des airs de maison de famille.
En 1932, Albert Lebrun (1871-1950) y marie son fils et, dans les années cinquante, René Coty (1882-1962) et son épouse y reçoivent leurs petits enfants.
Germaine Coty s’y improvise un jour guide touristique incognito, pour des étudiantes américaines ! Appréciée pour sa simplicité et sa gentillesse,
elle décède au château d’une crise cardiaque, en 1955.
Lors de la Libération et sous la Cinquième République le 23 août 1944, le Général de Gaulle (1890-1970) s’entretient au château avec le Général Leclerc (1902-1947) et lui donne l’ordre de monter sur Paris.
Avec l’évolution de la société, la dimension mondaine des réceptions au château de Rambouillet disparait. Mais ce dernier, proche de Paris, offre toujours la possibilité de réunions à huis clos, permettant parfois la négociation d’accords délicats.
Selon leur personnalité et les nécessités du moment, les présidents de la Cinquième République y reçoivent en tête à tête des chefs d’Etat étrangers (Konrad Adenauer, Nikita Kroutchev, Michaël Gorbatchev, Nelson Mandela …) ou y accueillent des rencontres au sommet (première réunion du G7, accords de paix sur le Kosovo).