Le monument aux morts place André Thome a 100 ans

 

À l’issue de la Grande Guerre 1914-1918, chaque commune française a tenu à honorer la mémoire de ses enfants morts pour la Patrie. Rambouillet n’a pas fait exception en inaugurant, il y a tout juste 100 ans, le monument aux morts de la place André Thome.

Le nombre de construction de monuments commémoratifs à l’issue de la première guerre mondiale a été d’une ampleur sans précédent (environ 36 000 monuments municipaux entre 1920 et 1925, sans oublier les monuments paroissiaux, d’entreprises, d’associations, etc). L’édification des monuments aux morts, comme celui de Rambouillet, est le témoignage le plus visible de la volonté de commémoration d’après-guerre. Cette commémoration massive a été en partie liée à l’ampleur du conflit qui a mobilisé plus de 8,6 millions de soldats et fait plus d’1,3 millions de morts.

À Rambouillet, l’idée d’un monument commémoratif apparaît dès 1915 dans la séance du conseil municipal du 16 février. Le processus s’accélère après la mort d’André Thome quand le Conseil municipal du 1er juillet 1916, « décide de donner le nom d’André Thome, député de l’arrondissement de Rambouillet, mort pour la France, à la Place du palais sur laquelle un monument aux enfants de l’arrondissement morts pour la France pourra être édifié dès que les circonstances le permettront ».

Mais à Rambouillet, comme partout ailleurs, les projets de monuments ne reprennent qu’après la guerre. Ils sont financés en grande partie par une souscription publique qui permet de rassembler les fonds nécessaires et d’associer l’ensemble de la population. Ainsi, la veuve d’André Thome fait don de 40 000 F, soit plus de la moitié du financement. S’y ajoutent une subvention municipale et une subvention de l’État.

Le monument aux morts de Rambouillet est réalisé par deux représentants du courant néo-classique de l’entre-deux guerres, choisis sur concours. Né au Brésil en 1885, formé aux Beaux-arts de Marseille puis de Paris, Antoine Sartorio, acquiert une réputation de sculpteur de monuments commémoratifs dès l’époque de la guerre. Né à Marseille en 1881, Paul Tournon, lui, est diplômé des Beaux-arts de Paris et architecte ordinaire des bâtiments civils et palais nationaux à partir de 1913. Après la guerre, outre Rambouillet, il participe à différents concours pour des monuments aux morts, parfois en collaboration avec Sartorio.

Exceptionnel par sa dimension, le monument se compose de cinq statues ailées présentant un visage fermé, pratiquement sans expression, disposées de manière à correspondre chacune à une année de la guerre et à l’évocation d’une région et/ou bataille. Ce que le maire, Marie Roux, a décrit lors de l’inauguration le 23 septembre 1923 par « 1914 : La bataille de la Marne, sursaut de l’âme nationale devant l’ennemi !, 1915 : La résistance patiente, héroïque, du front dans la tranchée !, 1916 : L’épopée de Verdun !, 1917 : Les sanglants combats de la Somme et des Flandres avec déjà une moisson de lauriers !, 1918 : La débâcle allemande cette fois, et notre victoire définitive, revanche de 1870 ! »

Sous les statues se trouve la dédicace du monument, la formule la plus courante et la plus neutre souvent recommandée par les anciens combattants : « La ville de Rambouillet à ses enfants morts pour la France ». 279 noms sont gravés sous la dédicace. Après la seconde guerre mondiale, les noms des nouvelles victimes ont été ajoutés, avec cette fois la mention des victimes civiles, déportés et résistants. Puis, plus tard, les noms des morts d’Indochine, du Maroc et d’Algérie.