Un nouveau visage pour le château de Rambouillet

 

Résidence royale, impériale puis présidentielle jusqu’en 2018, le château de Rambouillet est administré par le Centre des monuments nationaux (CMN). Fermées au public durant de longues décennies, les salles du château sont progressivement restaurées et ré-ouvertes. Ainsi, à partir du 10 décembre, les visiteurs pourront découvrir l’appartement de Napoléon restauré, l’exposition « Rambouillet 1950, dans l’intimité du Président » et un nouvel espace de médiation à la Laiterie de la Marie-Antoinette.

 

L’appartement de l’Empereur restauré

Avec la restauration de l’appartement de l’Empereur, le CMN mène son premier chantier d’envergure à l’intérieur du château de Rambouillet. Situé au premier étage donnant sur la cour d’honneur, l’appartement est formé d’une enfilade de trois pièces dont la pièce maîtresse est la salle de bains qui a conservé son décor peint à l’antique, datant de 1806. La restauration permet à ce remarquable décor néoclassique de retrouver toute sa splendeur du Premier Empire. La rénovation des boiseries, décors, planchers, tentures, rideaux, éclairages, etc a été complété d’un remeublement grâce à des acquisitions et de nombreux dépôts du Mobilier national. Les visiteurs pourront ainsi redécouvrir ce lieu de vie dans des conditions proches de celles connues par Napoléon lorsqu’il l’habitait.

 

Le mobilier de Vincent Auriol de retour au château

Grâce à un partenariat exceptionnel avec le Mobilier national, c’est un véritable remeublement du château dans son goût des années 50 qui a été réalisé, témoignant de la volonté du CMN de mettre en valeur les espaces privés du château, jusqu’alors fermés au public. Résidence présidentielle de 1885 à 2018, le château de Rambouillet a connu une période particulièrement faste sous le mandat de Vincent Auriol (1947-1954) dont le souhait était de faire de Rambouillet, comme de l’Elysée, une vitrine des savoir-faire français en matière d’arts décoratifs à des fins diplomatiques. D’importants aménagements furent alors confiés aux plus grands créateurs de l’époque. Des travaux conséquents ont accompagné ces aménagements pour doter le château du confort moderne.

Une partie de ces mobiliers a réintégré le château de Rambouillet grâce à un dépôt de longue durée. Dans un premier temps, six pièces sont reconstituées, parmi lesquelles plusieurs chambres de suite ainsi que la salle des marbres, alors nommée « Salon Médicis », qui retrouve son surprenant décor de Subes et d’Arbus.

L’exposition « Rambouillet 1950, dans l’intimité du Président » présentera également dans l’appartement d’assemblée (XVIIIe siècle), le mobilier de Jean-Charles Moreux destiné à une chambre d’hôte de marque et le cabinet de travail du Président qui regagneront ensuite le Mobilier national. Une opportunité unique pour le public d’une immersion dans l’univers d’une résidence présidentielle de grande élégance dans les années 50.

 

Un nouvel espace de médiation à la Laiterie de la Reine

Installé au sein de l’enclos de la Laiterie dans le parc du château, un nouvel espace de médiation ouvre ses portes. Il offre aux visiteurs les clés de lecture de deux grands chefs d’œuvre du domaine : la Laiterie de la Reine d’une part, et le Jardin anglais et la Chaumière aux coquillages d’autre part. La médiation propose une approche multisensorielle originale, complète et confortable en accès libre pour tous les publics : objets tactiles, reproductions de décors ou encore bornes numériques aux contenus riches et diversifiés.

Les visiteurs peuvent également y découvrir le Salon du Roi et son décor de grisailles en trompe l’oeil signé Piat-Joseph Sauvage, un espace jusqu’à ce jour fermé au public. Le mobilier de la Chaumière aux coquillages, réalisé par François Foliot II, y sera exposé en basse saison.

 


Le mot de l’administratrice

 

Deux ans après mon arrivée, les rambolitains vont pouvoir découvrir les premières réalisations tangibles qui témoignent de la nouvelle dynamique instaurée par le Centre des monuments nationaux pour redresser l’image et la qualité de visite du château de Rambouillet. Elles sonnent comme trois nouvelles expériences de visite qui traduisent les trois domaines prioritaires dans lesquels j’inscris mon action : la reconquête patrimoniale qui concerne à la fois les intérieurs du château et ses abords, l’histoire singulière de la présidence de la République au château pendant plus d’un siècle et enfin, l’élargissement de l’accès aux richesses du château à des publics diversifiés.

La reconquête patrimoniale sera perceptible avec la restauration de l’appartement de l’Empereur. Plus d’un an de travaux a été nécessaire pour dérestaurer des interventions maladroites commises dans les années 30 puis remettre en état les trois salles de l’appartement sur cour qui, traditionnellement était celui du maître de maison et les remeubler dans leur état du Premier Empire, selon les inventaires. Compagnons et artisans d’art se sont succédés pour ce premier grand chantier conduit par le Centre des monuments nationaux au château dont le résultat promet d’être spectaculaire, sur le décor textile réalisé par la maison Philippon notamment mais aussi sur la salle de bains qui révèlera quelques surprises…et un vrai choc esthétique.  Sur le marché de l’art ont pu être acquis un canapé « pommier » portant la marque de Rambouillet ou des éléments de la vaisselle et des couverts de l’Empereur qui contribueront à faire vivre ces espaces comme s’ils étaient encore habités par Napoléon Ier.

Rambouillet est-il un château des années 50 ? c’est la question surprenante qui se poseront peut-être les visiteurs lorsqu’ils découvriront l’exposition « Rambouillet 1950, dans l’intimité du Président » à partir du 10 décembre. C’est en tout cas celle que je me suis posée lorsque, travaillant sur ce projet, j’ai découvert dans les réserves du Mobilier national, la richesse et la qualité des mobiliers commandés spécialement pour Rambouillet par le président Vincent Auriol entre 1947 et 1954. Ces commandes foisonnantes pour meubler chacune des chambres dans une esthétique différente inspirée des grands paquebots Transatlantique en vogue à l’époque, ont fait preuve d’une audace créative tout à fait remarquable de la part du couple présidentiel pour accueillir leurs invités et pimenter leurs rencontres diplomatiques. Cette exposition constitue une première étape d’un remeublement qui se poursuivra dans les années à venir, à la suite de nécessaires travaux de remise en état du château, et des restaurations des mobiliers eux-mêmes qui doivent être conduites dans les ateliers du Mobilier national.

L’espace de médiation qui vient d’ouvrir à la Laiterie de la Reine fait partie, avec la nouvelle signalétique culturelle installée dans le parcours permanent du château, de l’amélioration des dispositifs de médiation destinés à tous les publics et du confort de visite. Traduits en plusieurs langues, les outils de visite proposés dans le Pavillon du Roi ont une approche multisensorielle originale destinée à tous les publics. C’est parce que la transmission est la première de nos missions qu’il est fondamental d’adapter les contenus de visite, parfois complexes, pour les rendre intelligibles par tous, en donnant l’envie au visiteur d’en savoir plus. Là est la quintessence de notre métier.

Enfin, pour clore cet article, en espérant avoir plus tard le plaisir de reprendre la plume sur un thème qui m’est cher, je voudrai évoquer un chantier au long cours qui prendra corps peu à peu dans les années à venir, en nous armant de patience : replacer le château dans son territoire. En toile de fond, pour comprendre le château, il faut le lire à l’échelle du Domaine national. Cela signifie qu’il faut réinscrire le château dans le paysage autour duquel il a été conçu et qui est devenu progressivement illisible du fait particulier de l’occupation présidentielle qui n’a eu de cesse que de le replier sur lui-même de manière à protéger ses occupants et garantir leur sécurité. Et pourtant, savez-vous que la composition unique et remarquable des axes qui se lit encore sur les plans anciens est restée inchangée depuis les derniers aménagements structurants du XIXème siècle ? Savez-vous que le réseau d’eau du Domaine national de Rambouillet est, avec ses 5,5km de canaux, le plus vaste des domaines royaux, supplantant ainsi Versailles ? Savez-vous que se niche au sein du Domaine une biodiversité extrêmement riche et préservée ? Nous avons beaucoup de chance d’avoir, à notre portée, une telle richesse à la fois architecturale, paysagère et naturelle et nous souhaitons, aux côtés de nos partenaires de la Bergerie nationale et du Domaine national de Chambord, mettre davantage en valeur l’exception de Rambouillet pour mieux la montrer au public.

C’est donc un chantier au long cours qu’a engagé le Centre des monuments nationaux au château de Rambouillet, convaincu du fort potentiel du site. Mais la route est encore longue et beaucoup reste à faire, notamment pour réunir les financements qui permettront d’entamer les travaux nécessaires à la requalification du Domaine.

 

Isabelle de Gourcuff