Tribunes libres de Décembre 2019

Marie Anne Polo de Beaulieu - David Jutier

Parution dans le Rambouillet Infos n° 314

Pour une relation apaisée avec le monde agricole, il faut changer de modèle.

Après les incendies de moissons de cet été caniculaire, les agriculteurs se retrouvent de nouveau au cœur de l’actualité, à cause des épandages de pesticides à proximité des habitations et des écoles.

À Rambouillet-Bel Air et à Émancé, des enfants ont récemment dû être confinés dans les classes pour les protéger de pesticides : Actilande à Rambouillet (un adjuvant du glyphosate) et deux herbicides à Émancé (Codix et Defi). Pour éviter de telles situations, près de 100 villes en France ont pris des arrêtés interdisant les pulvérisations à moins de 150 mètres des habitations et des écoles. Le Perray-en-Yvelines a été précurseur. Nous nous réjouissons que, contrairement au tribunal de Versailles qui a cassé l’arrêté de Mme Deschamps, les tribunaux de Cergy et d’Argenteuil aient constaté que les pesticides constituent un danger grave pour les populations exposées et que c’est à bon droit que les maires en ont interdit l’utilisation.

Les partisans de l’agriculture industrielle sont rapidement montés au créneau. Constant Thiroin, exploitant à Ablis, déclare ainsi dans un caricatural article du Petit Rambolitain que « Ne manger que du bio est pour moi un caprice de riches ». Le magazine du conseil départemental d’octobre dernier défend l’agriculture « raisonnée », qui n’obéit à aucun cahier des charges, aucun contrôle ni certification, contraire- ment au Bio et à la démarche d’agriculture à Haute Valeur Environnementale.

Nous regrettons que la réaction de la mairie de Rambouillet aille dans ce sens et qu’elle n’ait pas été à la hauteur de l’inquiétude légitime des parents suite aux épandages au Bel-Air, se limitant à l’annonce d’un pacte de bonnes pratiques extrêmement flou sur ses objectifs et ses moyens. La confiance entre les habitantes et le monde agricole ne sera restaurée qu’au prix de l’ouverture d’un dia- logue de qualité, de la reconnaissance du principe de précaution, d’une application stricte de la loi de 2014 sur les épandages, et d’un soutien massif aux pratiques agricoles qui respectent la santé et les biens communs que sont l’air, l’eau et la terre. Au Bel-Air, notre projet est ainsi de convertir les champs limitrophes des habitations et des écoles en une ferme périurbaine bio.

Marie Anne POLO DE BEAULIEU, David JUTIER